Affaire Ndadaye: le ministère public a requis une peine à perpétuité contre cinq anciens officiers supérieurs

Affaire Ndadaye: le ministère public a requis une peine à perpétuité contre cinq anciens officiers supérieurs

Au troisième jour des audiences dans l’affaire relative à l’assassinat de l’ancien président Melchior Ndadaye, le représentant du ministère public a requis une peine à perpétuité contre cinq anciens officiers supérieurs. Ils sont les seuls à avoir été entendus par la cour suprême du Burundi sur vingt individus poursuivis dans le même dossier, les autres étant en dehors du pays et le président du siège ayant signifié à leurs avocats qu’ils sont là pour assister leurs clients et non les représenter.
Les accusés et leurs avocats ont clamé l’innocence et exigé la libération des prévenus. Le verdict est attendu dans un délai ne dépassant pas trente jours.
(SOS Médias Burundi)

Les audiences publiques dans l’affaire Ndadaye se sont clôturées ce vendredi.
La journée a été consacrée aux témoins à charge et à décharge.

Témoignant pour le compte du ministère public, colonel Didace Nzikoruriho, ancien conseiller principal chargé des questions de défense et de sécurité au cabinet du président Ndadaye, a indiqué avoir trouvé refuge aux ambassades d’Allemagne et de France à Bujumbura durant deux semaines parce que sa sécurité était menacée par les mutins.

Le deuxième colonel à avoir témoigné est Gearges Mukorako. Celui-ci avait présidé une commission en charge d’enquêter sur un coup d’État raté dans la nuit du 2 au 3 juillet 1993, avant la prise de fonctions par Malchior Ndadaye, alors président élu.

Il a tenu à préciser que les colonels Anicet Nahigombeye ( commandant du camp de Gakumbu, Bujumbura) à l’époque, Gabriel Gunungu ( alors commandant du camp Ngagara, Bujumbura) et Général Major Célestin Ndayisaba(chargé des renseignements et opérations à l’armée) avaient été approchés par l’ex colonel Sylvestre Ningaba, alors chef de cabinet à la présidence pour un probable putsch mais que les trois n’ont pas adhéré à son idée.
Il a plutôt insisté que les trois officiers ont participé dans la restauration du réseau téléphonique qui avait été coupé par Bernard Busokoza, ancien vice-président ( octobre 2013-février 2014).

Dans la catégorie des hommes de troupes, Anaclet Nindabira a chargé le commissaire de police Ildephonse Mushwabure. Il l’a accusé d’avoir agi en complicité avec les mutins en conduisant le président dans leur base en zone de Musaga ( sud de Bujumbura). Mushwabure commandait à l’époque une compagnie en charge de la sécurité du chef de l’État.

Vincent Ngendambizi, ancien chef de la documentation extérieure , l’équivalent des renseignements extérieurs a dit avoir aperçu le colonel Laurent Niyonkuru et un autre colonel en la personne de Gervais Nimubona. Ils les accuse d’avoir forcé la porte de son bureau dans la nuit du 22 octobre dans le but d’obtenir des renseignements dans le cadre du putsch. L’intéressé a nié les accusations.

Le troisième officier à avoir témoigné est l’ex colonel Isaïe Nibizi, ancien commandant de la garde présidentielle sous le régime Ndadaye. Il a défendu Ildephonse Mushwabure qu’il estime avoir accompli son rôle car » les mutins n’étant pas parvenus à accéder au palais ».

Les avocats du gouvernement ont demandé à ce que le témoignage de M. Nibizi ne soit pas considéré arguant qu’il est poursuivi dans la même affaire et que son dossier reste pendant devant des juridictions compétentes.

Le siège a enfin écouté trois témoins sous condition d’anonymat.

Après la clôture des plaidoiries, le ministère public a requis une peine à perpétuité contre les cinq anciens officiers supérieurs.
Les concernés et leurs avocats quant à eux ont exigé une libération pour que les prévenus puissent retourner auprès de leur famille insistant qu’ils sont « innocents et n’ont pas de sang sur les mains ».

La partie civile représentée par les avocats du gouvernement ont demandé plus de cents deux milliards de francs burundais de dédommagement et un dédommagement moral allant jusqu’à cents milliards de francs burundais.

L’affaire a été mise en délibéré. La décision de la cour sera communiquée dans un délai ne dépassant pas trente jours.

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