Burundi-ONU : la commission d’enquête dresse un bilan sombre, l’émissaire burundais s’en moque
Le conseil des droits de l’homme de l’ONU a tenu ce jeudi un dialogue interactif avec la commission d’enquête sur le Burundi en matière des droits humains. Cette commission a donné une mauvaise note à la nouvelle équipe du président Évariste Ndayishimiye. Elle est revenue sur plusieurs cas d’atteinte aux droits de l’homme. De sa part, l’ambassadeur du Burundi à Genève ne fait que balayer du revers de la main toutes ces allégations. (SOS Médias Burundi)
À Genève, les débats ont été houleux. Sur l’agenda, la situation des droits de l’homme au Burundi. La commission de l’ONU qui fait des enquêtes depuis bientôt cinq ans n’a pas encore remarqué de
changement. “Le régime a changé mais les auteurs et la nature des actes de violation des droits de l’homme sont restés inchangés. Depuis 2020, on observe encore des arrestations et emprisonnements arbitraires des opposants et autres voix critiques, des cas de torture, des crimes de sang, des disparitions forcées et des corps sans vie sont retrouvés et enterrés à la hâte sans aucune forme d’enquête, ..”, a décrit Doudou Diène, president de la commission Onusienne dont le mandat a été renouvelé pour la quatrième fois en septembre 2020.
Mais pour Gitega, l’heure est plutôt au développement. L’émissaire burundais à Genève trouve le rapport de la commission Diène “mensonger et politiquement motivé ». “Le Burundi réitère sa ferme opposition à ces allégations. Cette commission ne fait que ternir l’image de mon pays alors que le nouveau gouvernent s’attèle au développement durable, à la bonne gouvernance, à l’amélioration de la santé publique et à la justice pour tous”, a rétorqué l’ambassadeur Tabou Renovat. “D’énormes efforts de stabilisation du pays et de normalisation de la coopération du pays avec ses partenaires sont visibles. Ces acteurs veulent saper ces efforts par des allégations politiques, tendancieuses et complaisantes, constamment rejetées par mon pays”, a-t-il tenté d’expliquer.
Et d’ insister sur le retour des milliers de réfugiés qui, selon lui témoigne d’un “signe éloquent du retour de la paix, la sécurité, la stabilité et la confiance entre les Burundais et leurs leaders”. Car, ajoute-t-il, “la tolérance politique et le respect des droits de l’homme sont les priorités du gouvernement, en témoigne la récente grâce présidentielle de plus de 5.000 prisonniers”.
Pourtant, les Organisations de défense des droits humains tant nationales qu’internationales semblent le contredire.
D’après les délégués de Human Rights Watch, Amnesty international, International Service for Human Rights, Focode et autres, Gitega n’a cessé de briser toute voix discordante. “Nos rapports dénombrent plus de 460 personnes tuées en 2020 sans parler des disparitions forcées, un recensement ethnique des fonctionnaires et des employés des entreprises para étatiques, un discours haineux et divisionniste officialisé, un jugement honteux qui condamne à perpétuité des journalistes et défenseurs des droits humains pour une affaire d’un putsch manqué, ..”, récapitule Denis Ndayishemeza, un des orateurs pour le compte de la société civile.
Ces condamnations préoccupent aussi l’Union Européenne qui salue quand même “une avancée dans le domaine de la sécurité” depuis l’arrivée au pouvoir du président Ndayishimiye.
L’UE souhaite aussi continuer le dialogue avec ce pays de l’Afrique de l’Est sur la normalisation des relations diplomatiques et loue également de « bonnes intentions pour assurer le respect des libertés fondamentales ”. De leur part, les pays scandinaves comme la Suède, la Finlande, le Danemarque ou encore la Norvège, ces récentes actions du gouvernement burundais ne sont que pour “amadouer la communauté
internationale”. Ils exigent des actes concrets sur le terrain.
La commission onusienne d’enquête sur le Burundi a rassuré qu’elle collabore avec la CPI pour de “possibles poursuites des auteurs de violations des droits humains”.
Dans un récent communiqué, les évêques catholiques du Burundi ont regretté « qu’ici et là il y ait encore des cas d’intolérance politique allant jusqu’à la persécution de qui pense autrement ».
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