Bujumbura : d’élu à prisonnier, le chemin de croix pour Banciryanino loin d’être terminé

Bujumbura : d’élu à prisonnier, le chemin de croix pour Banciryanino loin d’être terminé

Depuis ce lundi, l’ancien député Fabien Banciryanino (législature 2015-2020) est isolé dans une cellule correctionnelle. Elle n’est pas éclairée et ne dispose pas de sanitaire. C’est à la prison centrale de Bujumbura (capitale économique). L’opposant est également privé de ses médicaments alors qu’il souffre d’une maladie chronique et ne devra être approvisionné en nourriture qu’une fois les deux jours. Connu pour son franc-parler, l’homme politique est pour le moment isolé pour avoir écrit une correspondance aux responsables de la prison dans laquelle il dénonce des abus contre des détenus et d’autres formes d’irrégularités. (SOS Médias Burundi)

La correspondance dont des copies ont été réservées à la CNIDH (Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme), au ministère de la justice et à d’autres intervenants dans le secteur de la justice au Burundi contient une série d’irrégularités dont sont victimes des prisonniers. « Le directeur de la prison a isolé tout le quartier où logeait Banciryanino depuis jeudi, mais suite à la pression des autres détenus qui ont déclenché un mouvement de grève, il a été retiré de sa chambre ce lundi matin pour être installé dans l’isolement lui seul. Il n’a ni matelas ni couverture. En plus, il est privé de ses médicaments qu’il doit prendre chaque jour. Pour ce qui est de la nourriture, il lui est permis d’être approvisionné une fois les deux jours », ont indiqué à SOS Médias Burundi des sources à la prison centrale de Bujumbura.

Selon des sources proches du dossier, la CNIDH a voulu intervenir, en vain. Le directeur de la prison s’y est opposé. M. Bincaryanino est détenu à la prison centrale de Bujumbura depuis le mois d‘octobre 2020.

Initialement, il était poursuivi pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État, dénonciation calomnieuse et outrage à chef de l’État ainsi que rébellion ».
Le 19 mars, il a été entendu par la cour d’appel de Ntahangwa (nord de Bujumbura, capitale économique) qui a gardé deux chefs d’accusations seulement à savoir : atteinte à la sécurité intérieure de l’État et rébellion. Son procès a été mis en délibéré. La décision devrait être rendue dans un délai ne dépassant pas trente jours à compter de ce jour.

Le représentant du ministère public a requis pour lui une peine de deux ans et deux mois et le versement d’une amende de deux cents mille francs burundais.

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Photo : Fabien Banciryanino devant la cour d’appel de Ntahangwa, le 19 mars 2021

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