Burundi : les autorités ont suspendu les activités du principal parti d’opposition

Burundi : les autorités ont suspendu les activités du principal parti d’opposition

La décision a été prise par le ministre burundais en charge des affaires intérieures. Martin Niteretse explique vouloir éviter des confrontations entre militants du CNL, une formation politique qui traverse une crise interne. Mais son leader parle d’une mesure visant à écarter le CNL qu’il juge « illégale et unilatérale ». (SOS Médias Burundi)

La mesure a été prise le 2 juin dernier. Mais elle a été rendue publique ce mardi. Dans sa correspondance, le ministre Niteretse informe les organes dirigeants du CNL que « toutes les activités de ce parti sont suspendues sur tout le territoire burundais ».

Martin Niteretse dit « vouloir éviter les confrontations entre militants du CNL ».

La première formation politique d’opposition au Burundi traverse une crise interne. Certains membres de son bureau ont récemment écrit au ministre en charge des affaires intérieures pour s’opposer aux organes récemment mis en place par le congrès de Ngozi (nord du Burundi).

Selon eux, ces instances sont irrégulières et illégales. Il y a quelques jours, des membres du bureau du CNL ont écrit au ministre en charge de la gestion des partis politiques pour « s’opposer aux organes récemment mis en place ». M. Niteretse avait pris la mesure d’annuler toutes les décisions de ce congrès. Mais le leader CNL l’a saisi à son tour, parlant d’ingérence dans les affaires de son parti.

Agathon Rwasa n’a pas voulu s’exprimer quand nous l’avons cherché « parce que je me suis déjà exprimé sur la radio Isanganiro », a-t-il expliqué.

« Il n’y a pas deux groupes, il y a juste dix personnes et je ne pense pas que les milliers de militants du CNL iraient faire face ou faire front avec dix personnes », a répondu Agathon Rwasa à un confrère de la radio Isanganiro.

« Pour suspendre les activités d’un parti politique, il faut que ce parti soit responsable d’une infraction par rapport à la loi nationale », rétorque M. Rwasa. Ce qui n’est pas le cas pour le CNL, selon son leader.

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L’ancien chef rebelle accuse le ministre Niteretse d’avoir pris une décision unilatérale dans le but de favoriser le CNDD-FDD, son parti.

Pour le moment, seules les réunions organisées pour dénouer les tensions au sein du CNL sont autorisées.

Le CNL est la principale formation politique d’opposition dans la petite nation de l’Afrique de l’est. Son leader, Agathon Rwasa qui est un ancien chef rebelle des FNL (Forces nationales de libération) qui deviendra plus tard un parti politique avant d’être récupéré par certains de ses membres avec la complicité du parti présidentiel, est un opposant historique.

Plusieurs rapports des organisations de défense des droits humains burundaise et internationale ont souvent dénoncé les abus que subissent ses militants dont les assassinats,les disparitions forcées, les enlèvements, la torture et les emprisonnements illégaux.

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Photo d’illustration : une militante CNL salue ses compagnons à travers une fenêtre d’un bus qui la ramène d’une province du Burundi lors d’un grand rassemblement du CNL dans la ville commerciale Bujumbura

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